Deuxième journée de l’atelier Développement durable et acceptabilité sociale
Atelier thématique commun au GIS ReHaL et au réseau AC/DD
Vendredi 15 février 2013
Responsable de la séance : Nathalie Ortar
Les enregistrements audio sont directement en ligne à partir du programme ci-dessous
Matinée : 10h30 – 13h
Introduction générale (Jérôme Boissonade)
Introduction de la séance (Nathalie Ortar)
- Yannick Rumpala (Maître de conférences en science politique , ERMES – Université de Nice Sophia Antipolis) – Sur les possibilités d’une transition écologique « par le bas » : vers une théorie post-gouvernementale lien vers CR intervention de Yannick Rumpala sur le blog « L’habiter environnemental »
- Anne-Sarah Socié (Chargée de mission projet ELENA – ICP / VEOLIA-2EI, Titulaire bourse Fondation Palladio 2012 – 2013, Doctorante – Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Institut Catholique de Paris). Titre de l’intervention : Aspirations habitantes et urbanisme durable : questions de prospective
Intervention de Bruno Villalba
Après-midi : 13h30 – 16h30
Intervention de Nathalie Ortar
Intervention de Françoise Lafaye
Discutants
- Françoise Lafaye (Ethnologue, Chargée de recherches au laboratoire RIVES – UMR CNRS 5600/Ecole Nationale des Travaux Publics de l’Etat)
- Bruno Villalba (Maître de Conférences en science politique, CERAPS – Sciences Po Lille)
Les discours et programmes de recherche sur l’urgence d’engager un modèle de développement durable et d’inventer la « Ville durable » se multiplient alors que cette notion est problématique à plus d’un titre : sa définition est loin d’être stabilisée[1] et reste soumise à controverses entre économie, géographie, sciences politiques et écologie. Après une première séance de l’atelier destinée à appréhender la ville durable à travers les discours et pratiques des concepteurs, il est nécessaire de s’interroger sur la manière dont les individus-habitants s’approprient ce nouveau paradigme très largement imposé d’en haut (cf. texte de présentation de l’atelier 1), en particulier lorsqu’ils sont confrontés à des modes d’habiter dans des espaces dessinés et structurés par des concepteurs en amont de toute présence habitante. Il devient nécessaire d’apprécier dans quelle mesure l’affirmation de cet objectif commun est capable de modifier à terme ou transforme d’ores et déjà les modes d’habiter[2] des habitants, et/ou s’inscrit dans des pratiques plus anciennes réactualisées et relabélisées à l’aune du développement durable[3].
Le champ scientifique qui s’est saisi le plus précocement de la question de la durabilité est celui qui s’intéresse aux politiques publiques et analyse les phénomènes à l’échelle des milieux, des systèmes urbains, des sociétés ou des réseaux. De ce fait, l’observation des pratiques individuelles est rarement privilégiée[4]. Jusqu’à présent, la sociologie de la consommation s’est davantage concentrée sur l’acquisition que sur les processus permettant l’usage des produits[5]. Les anthropologues se sont focalisés sur la vie des objets, leur place au sein de la vie des individus[6], les systèmes d’échange[7], mais les objets ne sont pas traités comme des équipements nécessaires au quotidien en dehors de recherches comme celles par exemple de Bruno Latour[8]. Or ces objets, ces artéfacts, ont modifié le quotidien de tout individu occidental. Quant aux recherches portant explicitement sur l’habiter, elles n’ont fait pour l’instant que commencer à effleurer la compréhension de la nature du confort recherché par l’individu habitant[9], les contradictions des éco-habitants et les difficultés de changement de comportement que cela implique en termes d’habitat, de mobilité ou de valeurs habitantes[10].
Quelle est l’influence des politiques publiques se revendiquant du développement durable, traduites notamment en termes de droit (de l’environnement, de la construction, etc.) sur les modes d’habiter et sur la construction de nouveaux usages ? Comment ces politiques publiques régissent-elles le logement ou l’urbanisme et plus globalement et les modes d’habiter lorsqu’elles créent de nouvelles normes (écologiques autant qu’hygiénistes) ou qu’elles transforment les espaces habités, avec par exemple la diffusion de la notion de maîtrise d’usage ou encore la mise en place de dispositifs d’éducation à habiter les éco-quartiers, et les éco-constructions, etc. ? Dans quelle mesure la notion de durabilité ou de ville durable est-elle appréhendée par les individus et selon quelles modalités ? Quelles sont les valeurs qui accompagnent les changements, les éventuelles différences en fonction des espaces, ainsi que les transformations du sens donné à une même pratique ? Jusqu’à quel point ces politiques sont-elles appropriables par les habitants et si c’est le cas par quels habitants ?
La journée s’organisera autour de trois points :
- Définition(s)/identification des comportements de la ville durable (recyclage, mobilités douces, etc.)
- Etudes de cas : Appropriabilité des innovations dans le cadre bâti
- Controverse : Dans quel cadre s’inscrivent les innovations (techniques, procédurales, etc.) ? Est-il réaliste de penser que les évolutions de comportement doivent venir d’en haut ? Doivent-elles conduire avant tout à la décroissance des comportements (consuméristes, de “confort”, etc.) ou se fixer d’autres priorités compte-tenu des “problèmes” d’acceptabilité que rencontrent ces innovations (diminution des effets environnementaux des comportements et des choix socio-économiques, etc.) ?
[1] EMELIANOFF C. in MATHIEU N., GUERMOND Y. (dir.), 2005, La ville durable, du politique au scientifique, Antony, Cemagref.
[2] Le terme de mode d’habiter, sans pour autant le définir a priori, renvoie aux manières de faire, aux manières de penser, de dire, de vivre les différents espaces, territoires et lieux qu’habitent les individus, sans nécessairement y vivre au quotidien. L’usage du terme d’individu-habitant renvoie à l’individu, être social, dans ses multiples interactions avec le monde matériel, avec l’espace géographique.
[3] Sur cette question voir notamment E. Shove, M. Pantzar et M. Watson, 2012, The dynamics of social practices. Everyday life and how it changes, Londres, Sage.
[4] Dorier–Apprill E., 2002, Ville et environnement, Paris, SEDES ; Coutard O., Lévy J.-P. 2010, Écologies urbaines, Economica.
[5] Shove E., Watson M., Hand M. & Ingram J., 2007, The design of everyday life, Oxford, Berg ; Dobré M., 2002, L’écologie au quotidien, éléments pour une théorie sociologique de la résistance ordinaire, Paris, L’Harmattan.
[6] Miller D., 2010. Stuff, Cambridge, Polity Press.
[7] Appadurai A., 1986. The social life of things, Cambridge, Cambridge University Press.
[8] Latour B., 2005. Nous n’avons jamais été moderne, Paris, La Découverte.
[9] Shove E., 2003, Comfort, cleanliness and convenience. The social organization of normality, Oxford, Berg. ; Subremon H., 2009, Habiter avec l’énergie. Pour une anthropologie sensible de la consommation d’énergie, thèse de doctorat, Université de Nanterre-Paris 10.
[10] Dobré M., Salvador J. (dir.), 2009. Consommer autrement. La réforme écologique des modes de vie, Paris, L’Harmattan.
Séance du Vendredi 12 avril 2013
Recherche et “Acceptabilité sociale” de la durabilité
Journée précédente
Concepteurs de durabilité : des quartiers pour éco-habitants idéaux ?