Lundi 27 janvier 2020
(reportée au mercredi 27 janvier 2021)
Cycle « Pratiques sociales et politiques de transition »
Quatorzième journée de l’atelier
“Habiter la transition. Des pratiques existantes
aux politiques de transition : circulations et ambiguïtés”
Atelier thématique commun aux réseaux ACDD et ReHaL
En partenariat avec le Master “Habitat et ville durable – Pour une approche critique de la fabrique urbaine”
Lundi 27 janvier 2020 (10h-17h00)
(reportée au mercredi 27 janvier 2021)
Séance reportée en solidarité avec les mobilisations
contre la réforme des retraites
et la loi pluriannuelle de programmation de la recherche
Coordinateurs de la séance : Clément Marquet[1] et Élisabeth Peyroux [2]
Depuis une quinzaine d’années, de nombreux acteurs (industriels, groupes d’intérêts, pouvoirs publics) promeuvent la prolifération des technologies numériques en vantant le rôle qu’elles pourraient jouer dans la transition écologique. De nombreux groupes d’intérêt avancent qu’elles permettraient de réduire de 15 à 20% les effets de serre émis par les autres secteurs d’activité (Flipo et al., 2013). Pour obtenir de tels bénéfices, les promoteurs du numérique associent deux caractéristiques à ces technologies : d’abord, elles favorisent la « dématérialisation » des actions quotidiennes. En donnant la possibilité de réaliser de nombreuses opérations à distance (possibilité qui devient d’ailleurs une contrainte), les nouvelles technologies permettraient de réduire les déplacements, de se passer du papier etc. Ensuite, elles contribueraient à l’optimisation du fonctionnement et de la gestion de l’ensemble des réseaux : on parle ainsi de bâtiments, de quartiers et de villes intelligents. En truffant les espaces physiques de capteurs de toutes sortes, on se donnerait les moyens de réduire la consommation des citadins, d’améliorer le fonctionnement des transports, de mieux distribuer l’électricité, de réorganiser la collecte des déchets, de revoir les modes d’éclairage public, etc. Dans ce projet, les données générées par les smartphones des citadins et les différents capteurs urbains jouent un rôle central puisque c’est par leur accumulation (souvent désignée par le terme de big data) et leur traitement que l’on se donnerait les moyens de réduire la consommation énergétique des différents systèmes urbains. Alors que les effets réels de la mise en place de telles initiatives sont rarement mesurés, les promesses, elles, perdurent. Ainsi, c’est maintenant l’Intelligence Artificielle qui doit venir au secours de la transition énergétique : par la prolifération des données et les nouvelles capacités de traitement que nous donneront les serveurs, nous serons, selon le rapport Villani, enfin en mesure comprendre et d’agir pour préserver notre environnement (Villani, 2018). Ainsi, dans le discours des promoteurs du numérique, transition écologique et transition numérique iraient de pair.
Face à ces promesses, cet atelier propose de mettre en lumière les défis que posent ces développements technologiques aux projets de transition écologique en esquissant les contours de ce que pourraient devenir des études environnementales du développement informatique (Ensmenger, 2018). Comment mesurer les conséquences environnementales du numérique ? Comment le cycle de vie des technologies numériques (extraction des matériaux, production des objets, usages et devenir des déchets) est-il intégré dans ces mesures ? En quoi la multiplication des data centers et la prolifération des déchets électroniques perturbent-elles localement les politiques et pratiques de transition écologique, telles que l’économie circulaire ou la sobriété énergétique ? Dans quelle mesure un autre Internet, plus sobre en ressources, peut-il être envisagé ?
Programme de la journée
Matinée (10h – 12h30) :
Introduction de Clément Marquet
- Fabrice Flipo [3] : « Enjeux écologiques du numérique. Etat des lieux des connaissances et besoins interdisciplinaires de recherche »
- Cécile Diguet[4] : « Dirty data: les impacts spatiaux et énergétiques des data centers »
Après-midi (14h00 – 17h) :
- Soraya Boudia[5]: « Déchets électroniques et transition écologique. La quadrature du cercle de l’économie circulaire »
- Francesca Musiani[6] : « Les ‘nains’ de l’Internet sont-ils écologiques ? Réflexions historico-environnementales sur les architectures de réseau distribuées »
Mots de conclusion
[1] Postdoctorant, IFRIS (Institut Francilien Recherche Innovation Société), Costech (Connaissance Organisation et Systèmes TECHniques).
[2] Chargée de recherche CNRS, Prodig
[3] Professeur de philosophie politique et sociale, Institut Mines-Télécom BS, rattaché au Laboratoire de Changement Social et Politique de l’Université Paris 7 Diderot.
[4] Urbaniste, Institut Paris Région, chercheuse associée, LIAT (Laboratoire Infrastructure, Architecture, Territoire).
[5] Professeure de Sociologie, Université de Paris, Cermès3 (Centre de Recherche médecine, sciences, santé mentale, société)
[6] Chargée de Recherche CNRS, Centre Internet et Société (CIS).